Une fois n’est pas coutume, c’est en
cédant aux doux chants des sirènes mercantiles que je m’en suis allé cueillir
l’objet de cette chronique chez mon libraire préféré. C’est en effet au hasard
d’une publicité entendue sur les ondes d’une grande radio nationale que l’envie
me prit de me procurer ce petit opuscule d’un auteur qui m’était alors inconnu…
et qui a cessé de l’être depuis puisqu’à la suite de cette découverte, je n’ai
plus laissé passer un opus dudit. C’est vous dire si j’ai apprécié l’expérience.
Avec « Robe de Marié », Pierre
Lemaitre nous délivre un petit chez d’œuvre de roman noir avec une intrigue
tirée au cordeau, intense et jouissivement schizophrénique. Du grand art. Lemaitre nous prends par la main dès le
début du roman et nous balade au gré de ses coups de théâtres dans une sorte de
labyrinthe admirablement construit et machiavélique. D’ordinaire, je me méfie
de ces auteurs qui truffent leur romans de retournements de situations souvent
peu crédibles, parfois même totalement farfelus, sorte d’arôme de synthèse pour
lecteurs avides de sensations faciles. Pas de ça ici, tout est maitrisé de bout
en bout et on se fait surprendre presque à chaque détour de chapitres jusqu’à
la fin du roman.
Le style est plutôt direct et efficace,
sans fioriture inutile (mais non ce n’est pas un pléonasme), il sert surtout
l’histoire à merveille en réussissant notamment à nous peindre avec maestria
deux personnages complexes auxquels on parvient sans effort à s’identifier tour
à tour. La construction de l’histoire est remarquable et participe au suspens et
à une certaine addiction qui nous empêche de lâcher l’affaire une fois que l’on
a mis le doigt dans l’ingénieux engrenage que nous propose Pierre Lemaitre.
Un coup de (Le)maitre donc pour ce second
roman, qui fut pour moi une introduction à l’œuvre du bien nommé auteur qui n’allait
pas en rester là en matière de petits bijoux… Mais ceci est une autre histoire
et sera matière à d’autres chroniques.
Pierre
Lemaitre - « Robe
de Marié » - Calmann-Lévy 2009