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mercredi 5 février 2014

Il était une fois, sur les bords de la Main...

C’est attiré par le titre pour le moins évocateur que je fis l’emplette de ce roman dont la lecture m’a laissé un sentiment mitigé.

La trame est plutôt classique, peut-être un peu trop : un crime ancien, une erreur judiciaire, la vindicte populaire, l’amour, la jalousie… Eléments rencontrés si souvent au détour des pages noires qui font notre délice. L’ensemble est cependant plutôt bien agencé, l’intrigue bien construite et je me suis laissé prendre… jusqu’au trois-quart du roman. Passé ce cap, on sent quand même un peu venir les choses même si Nele Meuhaus parvient à nous reprendre un peu dans les dernières pages.

Les personnages sont assez inégaux, le héro est plutôt bien construit, suffisamment sympathique pour que l’on s’y attache et avec la juste part d’ombre qui le rend crédible. Le duo de flics fonctionne bien et l’auteur parvient à nous intéresser aussi aux petits (et plus gros) tracas de leur vie personnelle en dehors de l’enquête. Par contre les personnages secondaires manquent un peu d’épaisseur notamment dans la description des motivations des uns et des autres. L’intrigue repose sur une somme de petits riens, de petits travers chez chacun des personnages qui, mis ensembles, conduisent au(x) drame(s) et c’est assez habilement tout en restant un peu trop superficiel pour moi.

Le décor est par contre bien rendu. Je connais assez peu les alentours de Francfort, mais Nele Meuhaus réussit bien à reconstruire l’atmosphère de cette petite ville Allemande posée au bord de la Main. Toute proportion gardée, j’ai parfois pensé à Simenon dans cette faculté de l'auteur de nous mettre dans l’ambiance, de nous faire sentir chez nous dans le décor de son roman.

Le style est fluide et plutôt simple, il laisse vivre l’histoire et c’est bien là l’essentiel.

En conclusion, sans révolutionner le genre, Blanche-Neige Doit Mourir, est un roman plutôt facile à lire et qui permet de passer un bon moment..


Nele Meuhaus - « Blanche-Neige Doit Mourir » - Actes Sud 2012

jeudi 16 janvier 2014

Quand la musique est bonne...

Alors ça a commencé comme ça : Oh un Polar, oh, un nouvel auteur français, oh, ça parle aussi de Rock et de Blues, oh, le titre est sympathique et la quatrième de couv’ alléchante et ô joie, j’ai un billet de 20 qui traine dans mes fouilles… Achat ! L’occasion qui fait le larron en quelque sorte…

Et l’occasion fut bonne et le larron comblé. Parce que « Du Son sur les Murs » est un bon roman. Un très bon premier roman même. Frantz Delplanque nous livre ici un petit opuscule très bien mené : rythme soutenu et intrigue bien construite. On dirait du Guez, ça ressemble à du Benacquista, tout ce que j’aime, avec la petite touche d’originalité personnelle qui va bien.


Il y a surtout le héro, jeune retraité de retour dans son pays basque natal. Un héro bien campé, détaché, cynique et au final bien sympathique malgré ses coupables activités passées. Jon Ayaramandi est de ces personnages romanesques que l’on quitte à regret une fois la dernière page tournée et que l’on se prend à espérer revoir dans de nouvelles aventures…
Les autres protagonistes ne sont pas en reste qui, bien que personnages classiques du roman noir, la petite pépée sexy, le vieux gangster, n’en sont pas moins d’une belle épaisseur.

Et puis il y a la musique, véritable bande son qui colle à l’histoire, comme dans un film de Melville et qui participe aussi à notre plaisir de lecteur.

Le style est agréable, drôle parfois, cynique souvent, servant l’histoire comme la guitare de Malcom Young les morceaux de qui vous savez…

Bref, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire « Du Son sur les Murs » et en rédigeant ce petit papier je me dis qu’il serait peut-être bon que je me procurasse le second bouquin de Delplanque pour retrouver l’ami Ayaramandi.


Frantz Delplanque - « Du Son sur les Murs» - Seuil 2011