Le fameux Bouche à Oreilles, l’auteur dont on
parle, le livre qu’il faut avoir lu, blablabla de quatrième de couv’… La seule
bouche qui puisse avoir voix au chapitre en la matière est celle de l’ami aux goûts très sûr… Tout le reste n’est
que… littérature ?
Bref, cela faisait déjà quelques mois que
j’entendais parler de Robert Pobi et
de son premier roman supposé sensationnel, « le meilleur thriller depuis « Les Visages » » et
autres louches dithyrambes. J’avais jusqu’ici résisté au chant des sirènes.
Mais là, alors que son nouveau roman, « Les Innocents » vient de paraître avec force mises en avant
médiatiques, je me suis dit qu’il conviendrait peut-être de jeter un œil sur le
« phénomène »… en commençant par ce fameux premier roman :
« L’Invisible ».
Autant l’écrire tout de suite, « L’invisible » n’est pas un mauvais
roman, Pobi parvient à rendre, non
sans recourir à quelques artifices météorologiques un peu faciles, une atmosphère
angoissante convenant bien au genre. Le rythme est lui aussi plutôt correct et
parvient à nous tenir suffisamment en haleine pour que l’on tourne quelques
pages de plus avant d’éteindre la lumière… On entre vite dans le roman, mais on
en sort tout aussi vite aussi. Il n’est pas de ces ouvrages qui vous
poursuivent après que vous l’avez refermé. Et c’est là que le bât blesse.
Deux raisons principales à cela. Les
personnages tout d’abord que l’on a l’impression d’avoir croisés à moult
reprises. Et pas parce que l’auteur parvient à nous les rendre familiers, bien
au contraire. Les personnages, principaux comme secondaires, sont comme des
caricatures outrancières, mauvais clones dénaturés, d’autres qu’on a pu
rencontrer dans d’autres romans ou quelques séries télévisées. On les retrouve
ici mais vidés de toute substance, plats, éthérés, spectres auxquels on ne
parvient pas à s’attacher ce qui est déjà gênant, mais auxquels on ne parvient
même pas à s’intéresser ce qui est un tantinet rédhibitoire quand même.
Et puis il y a l’intrigue, ou plutôt son
absence, tant là aussi tout est finalement assez convenu, presque grossier et le moins que l'on puisse dire c'est que les ficelles qui soutiennent ce récit, sont tous sauf invisibles. Malgré un bon début,
tout s’étiole très vite et pas seulement parce que le moindre amateur de
polards n’aura rapidement aucun doute sur la chute et sur l’identité du
meurtrier mais aussi et surtout parce Robert
Pobi ne s’attarde pas beaucoup à nous rendre le récit un minimum crédible.
Pire, il tombe dans une facilité quasiment criminelle en laissant des pans
importants de l’histoire tout bonnement inexpliqués… Allant même jusqu’à faire
l’économie de nous donner la moindre explication sur les motivations du tueur
fou. On en reste à des crimes plus ou moins gratuits… Tout aussi gratuit,
d’ailleurs, que la façon dont l’auteur s’attache à nous décrire lesdits crimes
à grand renfort d’hémoglobine de synthèse. Un petit reproche que je pouvais parfois
faire aux premières œuvres de Chattam
qui avaient par contre de nombreuses autres qualités, mais qui atteint chez Pobi un paroxysme remarquable.
Au final, sans être totalement inintéressant,
« L’Invisible » est très
loin de mérité les éloges que j’ai pu entendre ou lire ici ou là. Il est un peu
comme un de ces fast-foods où l’on peut s’arrêter le temps d’avaler un burger
sur le pouce, sans déplaisir peut-être mais sans extase assurément, un objet de consommation
courante, à lire pour se reposer entre deux vrais bons polars.
Robert Pobi - L'Invisible - Sonatine 2015
Robert Pobi - L'Invisible - Sonatine 2015
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire