Ca faisait douze livres que je m’enfilais,
faut dire que c’était les vacances, je m’étais très souvent écroulé sur le
canapé ou dans mon plumard pour dévorer quelques pages de bons polars comme je
les aime. Jonquet m’avait raconté ses orpailleurs et Ellroy son L.A
magnifique, c’est vous dire si j’en avais pris tout mon saoul.
Et voilà ma chère et tendre qui me
demande si je pense rester planter là encore longtemps, si je n’en n’ai pas
mare de ces marioles de héros de roman et de leurs tronches de papier, si je
compte un jour revenir dans le monde des vrais gens. Que les choses soient
dites, ma bien aimée a d’habitude un regard bienveillant envers ma passion
dévorante pour les livres et elle se réjouirait plutôt de ne pas me voir, comme
tant d’autres, m’aliéner devant cette télé à la ce que vous savez.
Sa remarque ne manquait donc pas de
pertinence et la belle ne manquait pas d’activités alternatives à me proposer. Entre
notre petit dernier qui réclamait son biberon, des feuilles mortes à ramasser à
la pelle et un garage à ranger, j’avais de quoi faire. Et encore, comme nous n’avons
pas de chat, je n’avais pas de caisse à changer. Mais c’est une autre histoire.
Je lui promis donc de m’occuper
bientôt desdites taches tout en lui suggérant que je pourrais quand même en
lire un dernier pour la route, hein, avant de… Elle en convint et je me
précipitais sur ma bibliothèque. Mal m’en prit.
De prime abord, la lecture s’annonçait
super, j’allais m’enfiler un petit opuscule d’à peine 300 pages en format poche
dont la quatrième de couv’ promettait beaucoup : du « drôle », du « grinçant » et du « cruel », tout ce que j’aime. L’auteur,
Shaun Kuhn, nous était présenté
comme « l’un des plus inventifs de
la scène littéraire américaine ». Bin au final : rien de tout ça.
Un Stagiaire Presque Parfait, aussi connu sous le titre Guide de Survie en Milieu Hostile (bien
meilleurs titre d’ailleurs à mon humble avis) est, et il m’en coute de le dire,
plutôt mauvais. S’il est drôle c’est à ses dépends quant au grinçant et au
cruel, je ne les ai pas trouvé. L’idée de base était plutôt alléchante et
prometteuse mais le rendu est loin d’être à la hauteur. Pourtant, généralement,
je suis plutôt un public facile, j’adore les James Bond et autres Missions
Impossibles avec leurs héros invraisemblables qui se tirent toujours des
situations les plus périlleuses et compromises. Je n’ai rien non plus contre l’usage
de Deus es Machina pour faire opportunément rebondir une intrigue, mais là, j’dis
halte à tout ! Trop c’est trop. C’est plus un héro, c’est un Terminator (J’aime
aussi… enfin jusqu’au premier de la série). Si encore ces artifices servaient
une cause… Je pourrais admettre. Mais ce n’est pas le cas. C’est peut-être moi,
mais je n’ai jamais pu saisir où l’auteur voulait en venir.
En refermant le livre (je termine
toujours les romans que je commence, quel que soit la souffrance qui en résulte), et au moment d’en entamer la
critique, je me suis dit que ce serait vite fait. J’avais même pensé expédier l’affaire
en trois mots : du sous-Dexter, tant j’ai eu l’impression que Shaun Kuhn n’avait eu comme point de
départ que l’idée d’écrire un roman sur un tueur psychopathe et qu’il avait
ensuite brodé autour de façon très anarchique. Déjà que Dexter ça se lit sans
doute assez bien mais ça ne m’a jamais fait relever la nuit (j’adore la série
télé par contre bien meilleurs que les bouquins à mon avis) alors un pale
ersatz… Vous m’avez compris.
J'ai aussi pensé que, dans le cas de cet ouvrage, la dénomination de la collection dans laquelle il était édité indiquait l'âge supposé des lecteurs. Mais ma foi en notre belle jeunesse est bien trop vive pour que je lui fasse cet outrage. Bref, j’aurais mieux fait d’aller tondre mon gazon… même en plein hiver.
J'ai aussi pensé que, dans le cas de cet ouvrage, la dénomination de la collection dans laquelle il était édité indiquait l'âge supposé des lecteurs. Mais ma foi en notre belle jeunesse est bien trop vive pour que je lui fasse cet outrage. Bref, j’aurais mieux fait d’aller tondre mon gazon… même en plein hiver.
Lecture achevée, chronique publiée, il
était temps de revenir à la vie réelle comme promis à ma mie, en commençant par
préparer le biberon de l’héritier. En arrivant dans la cuisine, je me suis dit
Tiens, j’m’écouterais bien un petit Renaud en attendant le nouveau qui arrive…
En général, ça m’inspire…
Shaun Kuhn - Un Stagiaire Presque Parfait - 10-18 2015
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire