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jeudi 4 février 2016

Si j'avais su, j'aurais pas lu...

Ca faisait douze livres que je m’enfilais, faut dire que c’était les vacances, je m’étais très souvent écroulé sur le canapé ou dans mon plumard pour dévorer quelques pages de bons polars comme je les aime. Jonquet m’avait raconté ses orpailleurs et Ellroy son L.A magnifique, c’est vous dire si j’en avais pris tout mon saoul.

Et voilà ma chère et tendre qui me demande si je pense rester planter là encore longtemps, si je n’en n’ai pas mare de ces marioles de héros de roman et de leurs tronches de papier, si je compte un jour revenir dans le monde des vrais gens. Que les choses soient dites, ma bien aimée a d’habitude un regard bienveillant envers ma passion dévorante pour les livres et elle se réjouirait plutôt de ne pas me voir, comme tant d’autres, m’aliéner devant cette télé à la ce que vous savez.
Sa remarque ne manquait donc pas de pertinence et la belle ne manquait pas d’activités alternatives à me proposer. Entre notre petit dernier qui réclamait son biberon, des feuilles mortes à ramasser à la pelle et un garage à ranger, j’avais de quoi faire. Et encore, comme nous n’avons pas de chat, je n’avais pas de caisse à changer. Mais c’est une autre histoire.
Je lui promis donc de m’occuper bientôt desdites taches tout en lui suggérant que je pourrais quand même en lire un dernier pour la route, hein, avant de… Elle en convint et je me précipitais sur ma bibliothèque. Mal m’en prit.

De prime abord, la lecture s’annonçait super, j’allais m’enfiler un petit opuscule d’à peine 300 pages en format poche dont la quatrième de couv’ promettait beaucoup : du « drôle », du « grinçant » et du « cruel », tout ce que j’aime. L’auteur, Shaun Kuhn, nous était présenté comme « l’un des plus inventifs de la scène littéraire américaine ». Bin au final : rien de tout ça.

Un Stagiaire Presque Parfait, aussi connu sous le titre Guide de Survie en Milieu Hostile (bien meilleurs titre d’ailleurs à mon humble avis) est, et il m’en coute de le dire, plutôt mauvais. S’il est drôle c’est à ses dépends quant au grinçant et au cruel, je ne les ai pas trouvé. L’idée de base était plutôt alléchante et prometteuse mais le rendu est loin d’être à la hauteur. Pourtant, généralement, je suis plutôt un public facile, j’adore les James Bond et autres Missions Impossibles avec leurs héros invraisemblables qui se tirent toujours des situations les plus périlleuses et compromises. Je n’ai rien non plus contre l’usage de Deus es Machina pour faire opportunément rebondir une intrigue, mais là, j’dis halte à tout ! Trop c’est trop. C’est plus un héro, c’est un Terminator (J’aime aussi… enfin jusqu’au premier de la série). Si encore ces artifices servaient une cause… Je pourrais admettre. Mais ce n’est pas le cas. C’est peut-être moi, mais je n’ai jamais pu saisir où l’auteur voulait en venir.

En refermant le livre (je termine toujours les romans que je commence, quel que soit la souffrance qui en résulte), et au moment d’en entamer la critique, je me suis dit que ce serait vite fait. J’avais même pensé expédier l’affaire en trois mots : du sous-Dexter, tant j’ai eu l’impression que Shaun Kuhn n’avait eu comme point de départ que l’idée d’écrire un roman sur un tueur psychopathe et qu’il avait ensuite brodé autour de façon très anarchique. Déjà que Dexter ça se lit sans doute assez bien mais ça ne m’a jamais fait relever la nuit (j’adore la série télé par contre bien meilleurs que les bouquins à mon avis) alors un pale ersatz… Vous m’avez compris. 
J'ai aussi pensé que, dans le cas de cet ouvrage, la dénomination de la collection dans laquelle il était édité indiquait l'âge supposé des lecteurs. Mais ma foi en notre belle jeunesse est bien trop vive pour que je lui fasse cet outrage. Bref, j’aurais mieux fait d’aller tondre mon gazon… même en plein hiver.


Lecture achevée, chronique publiée, il était temps de revenir à la vie réelle comme promis à ma mie, en commençant par préparer le biberon de l’héritier. En arrivant dans la cuisine, je me suis dit Tiens, j’m’écouterais bien un petit Renaud en attendant le nouveau qui arrive… En général, ça m’inspire…


Shaun Kuhn - Un Stagiaire Presque Parfait - 10-18 2015

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